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Y comme le Y de Champy – Edme Champy (1735-1820)

Un jour, ils sont partis de l’endroit où ils vivaient. Certains à quelques centaines de kilomètres et d’autres à plusieurs milliers. Certains seuls et d’autres avec leur famille. Les raisons ? Elles peuvent être multiples. L’idée que l’herbe est plus verte ailleurs, le désir d’aventures, une passion, un besoin professionnel, l’exode… Un ChallengeAZ qui prend des airs de globe-trotter avec 26 individus qui ont eu la bougeotte à un moment de leur vie!

Edme Champy (1735-1820), sosa 236, de Pouilly à Charleston

Ce qui est bien lorsqu’on écrit des écrits de billets sur des ancêtres dans le cadre du ChallengeAZ est que cela permet de faire de nouvelles découvertes. En effet, après avoir choisi les 26 «candidats» pour les différentes lettres de l’alphabet, j’ai bien évidement refait quelques recherches les concernant. Je dis bien «quelques», car m’étant pris au dernier moments et écrivant du jour au lendemain, je n’ai pas eu le temps de vraiment pousser mes investigations. Néanmoins, celles-ci réservent quelquefois des surprises, comme pour Edme Champy. Je savais que ce Bourguignon était avocat et procureur, qu’il avait quitté un temps la Guadeloupe pour les Etats-Unis juste après la Révolution et qu’il était franc-maçon. Mais ce que je ne savais pas, en revanche, c’est qu’il était visiblement un des fondateurs de la loge de la Paix de Pointe-à-Pitre.

Edme Champy a vu le jour le 15 septembre 1735 à Pouilly (Pouilly-en-Auxois), petite commune d’une région bien connue pour ses bons vins, et située à une cinquantaine de km à l’ouest de Dijon. Pierre Champy et Anne Lion, ses parents, le font baptiser le lendemain dans l’église Saint-Pierre par le curé Sauvageot. Il est le 2e enfant d’une fratrie de 3, mais ne va pas vraiment connaître sa mère car il est âgé de 3 ans quand celle-ci décède…

Acte de baptême d’Edme Champy – Archives de la Côte-d’Or

Il se passe plus de 30 ans avant que l’on retrouve Edme. Il a quitté sa Bourgogne natale pour la Guadeloupe où selon les relevés du Conseil Souverains de la Guadeloupe effectués en 1987 par Bernadette et Philippe Rossignol, il est nommé procureur par la commission du 2 juillet 1770. Cela semble dire qu’il se trouve aux Antilles depuis quelques années et peut-être même avant le remariage de son père en 1762. En ce qui le concerne, il nous faut encore attendre 3 ans avant qu’il se décide à franchir le pas.

Acte de mariage d’Edme Champy et de Barbe Arsonneau – ANOM

Le 7 décembre 1773, Edme Champy épouse Marie Barbe Arsonneau au Moule. Marie Barbe est une jeune Créole de 17 ans, native de Saint-François et dont le père est un ancien lieutenant des dragons au bataillon du Moule. Pas moins de 11 enfants vont naître de cette union de 1777 à 1799. 8 d’entre eux se marieront par la suite.

Famille Champy Arsonneau – Recherches personnelles

Dans les années 1790, Edme préfère prendre ses distances avec la Guadeloupe, au vu des évènements se déroulant dans l’île. Il émigre aux Etats-Unis et s’installe à Charleston en Caroline du Sud après un passage à New-York. C’est une ville qui possède une grande communauté française à cette période et dans laquelle Edme va marier 3 de ses enfants…

De Pouilly à Charleston via Pointe-à-Pitre – Framacarte.org

Avec le temps, Edme doit juger qu’il peut rentrer en Guadeloupe, et c’est ce qu’il va faire dans les années 1810. Il retourne à Pointe-à-Pitre et reprend ses fonctions en tant qu’avocat. Va-t-il exercer jusqu’au bout? En tout cas, il est dit doyen des avoués auprès du tribunal de Pointe-à-Pitre lors de la déclaration de son décès le 23 septembre 1820.

Acte de décès d’Edme Champy – ANOM

Maintenant qu’en est-il d’Edme et de la franc-maçonnerie ? Comme indiqué dans mon introduction j’avais connaissance par le biais d’un article de « Généalogie et Histoire de la Caraïbe » qu’Edme avait été franc-maçon. J’ai voulu alors en savoir un tout petit plus sur le sujet et j’ai découvert à cette occasion les fonds maçonniques de la BNF concernant des loges avec le Gand Orient de France (FM2 (1)-FM2 (591) ). Il y a entre autres la correspondance des loges des colonies dans laquelle se trouve naturellement la Guadeloupe. Cette dernière est divisée en différentes sous-sections correspondant à des communes de l’île dont bien évidemment Pointe-à-Pitre (FM2 (519))

Fonds FM2 de Pointe-à-Pitre – BNF

C’est en parcourant les tableaux établis lors des séances de la loge de la Paix que j’ai retrouvé Edme Champy. En effet, ces tableaux mentionnent les différentes personnes qui composent la loge à la date de la séance avec leur métier, leur fonction dans l’ordre ainsi que leur date et lieux de naissance.

Liste des membres de la loge de la Paix en 1783 (FM2(519) – BNF

Dans celui de la séance du 2 novembre 1783, il y a Edme Champy, procureur, «Maître en tous grades» et fondateur. Il fait donc partie des fondateurs de la loge de la Paix de Pointe-à-Pitre qui selon «La franc-maçonnerie dans les colonies françaises du XVIIIe siècle»  a  été constituée en 1783 par la loge Saint-Louis de la Concorde de Lamentin. Il y a probablement plus de détails sur la fondation de cette loge dans les autres sous-sections de la correspondance de Pointe-à-Pitre ou du Lamentin, mais je n’ai pas regardé pour l’instant. En ce qui concerne la qualité maçonnique d’Edme, celui-ci est donc «Maître en tous grades », ce qui visiblement correspond au grade le plus élevé dans la franc-maçonnerie,  une sorte de de graal maçonnique unanimement désiré et impatiemment recherché des maçons dixit De « l’éternel Apprenti » au « Maître à tous grades » : une petite histoire de la carrière maçonnique. On retrouve régulièrement Edme dans les tableaux jusqu’en 1820, à l’exception de la période où il était à Charleston. Dans les derniers, il y figure comme membre honoraire.

Extrait du tableau des membres de la loge de la Paix en 1820 – BNF

Quand je parle de surprises lors de mes recherches pour ce billet, c’est vrai ! En effet, il n’y a pas qu’Edme Champy qui se trouvait dans ces listes. J’y ai trouvé aussi Dominique Carrère, que l’on a vu à la lettre C « C comme le C de Carrère – Dominique Carrère (1736- ?) ». Ce dernier est également fondateur mais est simplement « Maître». J’ai aussi découvert d’autres ancêtres et collatéraux pour la loge de Pointe-à-Pitre dans les années suivantes, ce qui veut dire qu’il va falloir que je regarde aussi pour les autres loges de la Guadeloupe. Bref, un peu de recherches en perspective!

Extrait de la liste des membres de la loge de la Paix en 1783 (FM2(519) – BNF

Pour terminer sur une note humoristique, il y a des mauvaises langues qui disent que les femmes ont tendance par coquetterie à minimiser leur âge. Dans ce cas, Edme est très coquet ! En effet, dans le tableau de 1783, il est dit né le 13 septembre 1742. Un tout petit rajeunissement de 7 ans ! En 1785, l’année de naissance est 1743, celui lui fait donc 8 ans en moins. En 1786, c’est 1744, on passe donc à 9 ans. Toutefois, il se rattrape en 1812, où pour une fois il assume son âge et se vieillit même d’un an !

Extrait du tableau des membres de la loge de la Paix en 1786 (FM2(519)- BNF

Sources & crédits
BNF – Département des Manuscrits > Fonds maçonnique > FM2
Archives départementales de la Côte-d’Or
Archives nationales d’outre-mer
Généalogie et Histoire de la Caraïbe
Persée – La franc-maçonnerie dans les colonies françaises du XVIIIe siècle 
Cairn.info – De « l’éternel Apprenti » au « Maître à tous grades » : une petite histoire de la carrière maçonnique

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