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X comme le X d’Alexandre – Alexandre Cressonnier (~1747-1780)

Un jour, ils sont partis de l’endroit où ils vivaient. Certains à quelques centaines de kilomètres et d’autres à plusieurs milliers. Certains seuls et d’autres avec leur famille. Les raisons ? Elles peuvent être multiples. L’idée que l’herbe est plus verte ailleurs, le désir d’aventures, une passion, un besoin professionnel, l’exode… Un ChallengeAZ qui prend des airs de globe-trotter avec 26 individus qui ont eu la bougeotte à un moment de leur vie!

Alexandre Etienne Nicolas Cressonnier de Beauplan dit Chevalier (~1747-1780), sosas 466 & 478, de Paris au Cap-Français

Comme souvent, la fin du ChallengeAZ est un peu compliquée. La fatigue se fait sentir (mais quelle idée d’écrire du jour au lendemain!!!) et les dernières lettres ne sont pas toujours faciles à trouver. Là pour le X, c’est le prénom Alexandre qui me sauve la mise. Alexandre, un prénom de tsars mais aussi d’un grand conquérant. Mais est-ce qu’Etienne Nicolas Cressonnier de Beauplan dit Chevalier en était un? Probablement, surtout quand il entrait sur scène et faisait face au public pour jouer la comédie. En effet, Alexandre arpentait les planches, il était comédien. Toutefois, sa courte vie ne lui a pas permis d’obtenir une notoriété qui laisse une trace dans l’histoire mais les quelques actes qui le mentionnent donnent une idée du parcours qu’il a effectué pour assouvir sa passion.

Etienne Nicolas Cressonnier de Beauplan est né vers 1747 à Paris de Nicolas Cressonnier de Beauplan, procureur au Châtelet, et de Michelle Sallentin, mariés en 1743 à Paris, paroisse Saint-Sulpice. Le 13 novembre 1770, il signe un contrat de mariage avec Anne Thérèse Sauveur dans l’étude de Louis Boursier à Paris. Moins de 2 ans plus tard, Anne Thèrèse est décédé, puisque Alexandre se remarie en l’église Saint-Sulpice avec Louise Françoise Aimée Lavoy le 3 août 1772.

Fiche du mariage d’Alexandre Cressonnier et de Louise Lavoy – Filae (Fonds Andriveau – Mariages à Paris (1613-1805))

Louise Françoise Aimée Lavoy ne nous est pas inconnue. En effet, elle n’est autre que la fille de Catherine Vieil, rencontrée à la lettre K «K comme le K de Stockholm – Catherine Vieil (1727-1770)» et de Louis Denis Lavoye, qui était comédien et issu d’une famille exerçant cet art. En 1772, les parents de Louise étaient déjà décédés, mais on peut supposer qu’ayant grandi dans ce milieu, elle a continué à le fréquenter et par ce biais rencontré Alexandre. Mais lui, fils de procureur, comment s’est-il retrouvé dans le monde des arts? Probablement par le biais de la famille de sa mère qui étaient des musiciens. Effectivement, lors de la naissance de Louis Pierre Nicolas, le 9 mai 1773 à Nantes, il est indiqué qu’Alexandre, son père, est maître de musique!

Voua avez remarqué qu’Alexandre et Louise sont passés de Paris à Nantes. Pour y vivre? Pas du tout! Ils sont en attente pour embarquer sur un navire à destination de la Martinique. L’embarquement va se faire le 14 avril 1774 sur l’Oracle.

Extrait du rôle de bord de l’Oracle – Archives de la Loire-Atlantique

On remarque alors qu’il y a du changement pour Alexandre puisqu’il n’est plus maître de musique mais comédien. On remarque également que le couple n’est pas seul à voyager, car ils sont accompagnés de Marie Lavoy, une petite sœur de Louise, qui est aussi comédienne. Malheureusement, le petit Louis Pierre Nicolas n’est pas du voyage car il est décédé quelques semaines avant le départ. Après une traversée d’un peu plus d’un mois, Alexandre, Louise et Marie sont débarqués à Saint-Pierre en Martinique le 27 mai 1774.

Mais pourquoi être parti aux Antilles? Il apparaît qu’une compagnie de négociants avait senti les avantages que pouvait procurer ’un spectacle en Martinique et avait alors fait construire une salle à Saint-Pierre. Puis ils ont recruté des comédiens qu’ils ont fait venir de France et d’Europe. Toutefois, en raison de l’éloignement et de la mauvaise réputation des colonies caribéennes à cette époque, il était difficile d’embaucher des artistes : il fallait donc leur offrir des salaires très élevés. Cela explique certainement la venue d’Alexandre et de sa famille qui s’installent à Saint-Pierre dans le quartier du Mouillage. Fin 1776, sans avoir à monter sur scène, il reprend un rôle. Alexandre est de nouveau père.

Famille Cressonnier Lavoye – Recherches personnelles

Marie Cressonnier est née le 20 décembre 1776 et est baptisée le 7 janvier 1777 en l’église Notre-Dame-du-Bon-Port. Alexandre n’assiste pas au baptême mais il n’était pas plus présent lors de la naissance de sa fille. En effet, cela fait 2 mois qu’il a quitté la troupe de Saint-Pierre pour rejoindre celle du Cap à Saint-Domingue.

De Paris au Cap via Nantes et Saint-Pierre – Framacarte.org

Tout comme à Saint-Pierre, il y au Cap-Français de Saint-Domingue «La comédie du Cap», un théâtre ouvert depuis 1740. A l’origine, ce théâtre était privé et les pièces étaient jouées pour l’aristocratie locale. En 1764, il devient public avec une nouvelle salle en 1765. Celle-ci pouvait accueillir 1 500 personnes et la troupe était constituée d’une vingtaine de comédiens et comédiennes. Le théâtre était très populaire dans l’île et «La Comédie du Cap» était l’un des lieux de vie sociale les plus importants de la ville. Il s’y jouait environ 2 000 pièces de théâtre, opéras et concerts chaque année. Initialement fermé aux non-Blancs, il fut ouvert à toutes les races, comme on disait à l’époque, en 1775. Néanmoins, les sièges étaient séparés.

Affiches américaines du 8 janvier 1777 – DLOC

Est-ce qu’Alexandre a participé à ces spectacles? Est-ce que Louise et la petite Marie sont venus le rejoindre au Cap? Alexandre avait-il prévu de rentrer en France par la suite? On peut se poser mille questions sur son sujet, nous n’aurons jamais de réponses à celles-ci. En revanche,ce qui est sûr, c’est qu’Alexandre s’est éteint au Cap le 17 juillet 1780. Est présent à l’inhumation un «de Marsan» qui peut être le comédien Pierre Marsan ou son épouse Jeanne Marie Marsan qui avait été embauchée au théâtre de la ville du Cap en1780 en tant que comédienne et chanteuse.

Acte d’inhumation d’Alexandre Cressonnier – ANOM

Alexandre avait-il donné des idées de voyages à sa famille? On peut se le demander, car Didier François Cressonnier de Beauplan, un de ses jeunes frères s’est marié le 27 juin 1786 au Trou à saint-Domingue et y est décédé moins d’un mois après! Etait-il venu rejoindre Alexandre et a-t-il profité des spectacles de ce dernier? Encore des questions…


Sources & crédits
Gallica – Saint-Domingue 1772
Archives départementales de la Loire-Atlantique
La Médiathèque Caraïbe – La vie lyrique des petites Antilles Française
Wikipédia – Comédie du Cap
Bibliothèque numérique des Caraïbes – Affiches américaines
Archives nationales d’outre-mer

8 commentaires

  1. Vraiment transportée dans un autre monde à tous les niveaux avec ce billet ! 🤗 Recherches infructueuses pour le décès de Louise, ou recherches en cours ?

    1. Louise est présente dans les recensements de 1796 et 1797 à Pointe-à-Pitre mais après… mystère. Comme d’autres ancêtres au début du 19e siècle là-bas, à vrai dire 🤔

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