L comme le L de Le Lourec – Jeanne Marie Le Lourec (1849-1922)

Un jour, ils sont partis de l’endroit où ils vivaient. Certains à quelques centaines de kilomètres et d’autres à plusieurs milliers. Certains seuls et d’autres avec leur famille. Les raisons ? Elles peuvent être multiples. L’idée que l’herbe est plus verte ailleurs, le désir d’aventures, une passion, un besoin professionnel, l’exode… Un ChallengeAZ qui prend des airs de globe-trotter avec 26 individus qui ont eu la bougeotte à un moment de leur vie!

Jeanne Marie Le Lourec (1849-1922), sosa 53, de Pluzunet au Havre

Encore aujourd’hui, on parle de rivalité entre les Bretons et les Normands avec, pour la plupart du temps, le Mont-Saint-Michel comme objet de discorde. Cette tension entre les 2 régions est, selon des historiens, née il y a 1 millénaire quand les Vikings ont envahi la Normandie et essayé par la suite de s’emparer de la Bretagne. Je ne sais pas ce qu’en pensait Jeanne Marie Le Lourec, mais cela ne l’a empêchée de quitter son Trégor natal pour le pays de Caux.

Jeanne Marie est la 6^e enfant et la 3^e fille de Michel Le Lourec et d’Anne Mériadec. Elle est né le 26 janvier 1849 à Pluzunet, commune trégoroise d’environ 2500 habitants, située à quelques kilomètres de Lannion. Son père est cultivateur et sa mère était une habituée du rouet en tant que filandière..

Le 21 novembre 1874, il y a une double noce à Pluzunet. En effet, ce jour-là, Jeanne Marie se marie avec Bertrand Louis Marie Rivoal, et son frère Yves, de 9 ans son aîné, se marie avec Marie Rivoal, la sœur de Bertrand. Ce dernier est un marin âgé de 28 ans et natif de Lézardieux. Jeanne, quant à elle, est filandière comme sa mère. Le couple est-il parti juste après le mariage? Probablement, car moins d’un an plus tard, on les retrouve au Havre où Bertrand a totalement changé de profession, puisqu’il est dorénavant agent de police.

Jeanne et Bertrand vont avoir 5 enfants entre 1875 et 1883. Le 3 juillet 1885, un deuil frappe la famille! Bertrand décède d’une pneumonie qu’il a contactée en étant de garde à la porte du grand théâtre. Ce décès met Jeanne et ses enfants dans la difficulté et ils doivent vivre d’expédients. Il est dit, selon des sources familiales, que Jeanne achetait du poisson à la criée et le vendait dans la rue. Pierre, son fils aîné âgé de 10 ans, vendait des journaux et plongeait dans les bassins du port pour y récupérer du bois de Campêche. En effet, depuis le 18e siècle, le port du Havre était spécialisé dans l’importation en bois exotiques provenant des îles et de l’Afrique.

Par la suite, si l’on en croit certaines définitions, Jeanne pourrait être qualifiée de «cougar». En effet, le 7 mai 1889, après 4 ans de veuvage et âgée de 40 ans, elle se remarie avec Gustave Lecointre, un jeune garçon boulanger qui compte 25 printemps. La différence d’âge y est-elle pour quelque chose? Impossible à dire, mais le 13 décembre 1906 un jugement du tribunal civil du Havre prononce le divorce de Jeanne et de Gustave aux torts ce dernier.

Les enfants de Jeanne se marient. Certains resteront en Normandie et les autres partiront en région parisienne. Elle, elle ne quitte pas le Havre. Jeanne s’éteint le 9 octobre 1922 dans cette ville qui l’a vue arriver il y a pratiquement un demi-siècle.

Pendant les 47 années passées au Havre, Jeanne a toujours vécu dans, ou à proximité du quartier Saint-François, situé au niveau des bassins et de l’entrée du port. Suite à l’installation de nombreux Bretons qui profitent de l’essor maritime et économique de la ville, le quartier devient «quartier breton». Jeanne a habité, rue d’Orleans (1), rue du champ de foire (2), quai Lamblardie (3), rue du grand croissant (4) et rue Saint-Louis(5).

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Sources & crédits
Archives municipales du Havre
Archives départementales des Côtes-d’Armor
Traditions calaisienne – Les vieux métiers à Calais
Archives départementales de la Seine-Maritime
Gallica – Plan du Havre 1884
Pays d’art et d’histoire – La Havre Seine Métropole – Quartier Saint-François