Brèves d’infos est un journal éphémère créé spécialement pour le ChallengeAZ 2024. Il paraît tous les jours du mois de novembre 2024 sauf le dimanche. L’édito journalier porte sur un drame, un instant de gloire, un choix de vie ou un acte héroïque. Les protagonistes de ces moments sont la plupart du temps des cousin(e)s plus ou moins éloigné(e)s ou leurs conjoints. 26 numéros de Brèves d’infos qui mettent en avant des faits dans la vie de ces individus et qui passent inaperçus à la lecture seule des actes d’état-civil les concernant.
Dans les journaux, certains faits divers relatant des délits peuvent prêter à sourire. Parce que d’une part, ces faits délictueux ne sont pas des meurtres, des viols ou tout autre abomination, mais d’autre part, par la simplicité de l’acte et qu’au bout du compte, il n’y a pas mort d’homme, comme le dit si bien Jean-Pierre Darroussin dans «Mes meilleurs copains». Jean Marie Maillard en est l’exemple type. Il avait juste envie d’avoir un peu d’argent sans penser aux conséquences.
Jean Marie Maillard n’est pas tout à fait un inconnu dans le ChallengeAZ. En effet, il n’est autre que le mari d’Elise Lego, la vagabonde et pyromane à ses heures, rencontrée à la lettre S dans «Sur la route». Il est né en 1865 à Pontchâteau, commune situé en bordure de la Brière, une région que j’affectionne tout particulièrement. Jean est le premier enfant de Jean Marie, charpentier, et de Reine Héland. Il va avoir 6 frères et sœurs, dont seulement 2 atteignent l’âge adulte. En 1885, il passe devant le conseil de révision et malgré le fait qu’il soit déclaré bon, Jean est ajourné pour 2 ans.
Selon l’article 18 de la loi sur le recrutement dans l’armée du 27 juillet 1872, sont possiblement ajournés de 2 ans, les jeunes hommes mesurant moins 1,54 mètres ou d’une complexation trop faible. Bine que pas très grand, Jean du haut de son 1,61 mètre à la taille requise pour le service, donc on peut supposer qu’il n’est pas jugé d’une forme olympique pour l’instant et que ce n’est que partie remise. Effectivement, le 12 novembre 1888 il est incorporé dans le 103e régiment d’infanterie, probablement à Alençon. Son devoirs pour la patrie dure moins d’un an et notre pontchâtelain regagne la demeure familiale située au lieu-dit «la Fenêtre» à Pontchâteau. Il y retrouve père et mère, ainsi que son frère et sa sœur.
En avril 1897, Jean perd sa mère, et se retrouve seul avec son père car déjà les 2 autres membres de la famille sont partis voler de leurs propres ailes. Peut-être est-ce à partir de ce moment là qu’il déserte plus ou moins la maison et va trainer à droite a gauche? Possible, toutefois il ne fait rien de répréhensible jusqu’en avril 1900. Ce qui est bien lors de recherches généalogiques, c’est quand il y a une fiche matricule d’un individu, celle-ci indique si l’individu en question a eu des démêles avec la justice. C’est la cas pour Jean! Mais contrairement à ce qu’ont fait certaines personnes dont j’ai relaté les actes dans ce challenge, honnêtement, là, il n’y a pas de quoi fouetter un chat.
Le 4 avril 1900, Jean est donc condamné à 6 jours de prison. Quand je vois la durée de la peine, je me dis qu’il n’a pas du faire quelque chose de bien grave. D’autant plus, quand je repense aux peines qui seront infligées à sa future épouse, Elise Lego (cf. «Sur la route»), minimum 15 jours, quand elle sera arrêtée pour vagabondage et défaut de carnet anthropométrique! De quoi, est-il coupable alors? Abus de confiance. Selon le code pénal, l’abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice d’autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu’elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé. Découvrons donc ce qu’a fait ce vilain garçon pour mériter sa petite semaine dans les geôles de la prison de Saint-Nazaire.
Une escroquerie à la petite semaine! Jean n’est pas allé bien loin pour perpétrer cet horrible délit. En effet, Quilly est une commune limitrophe de Pontchâteau. Il se présente donc chez le sieur Alphonse Ollivier et lui jure sur tout ce qui l’a de plus cher, qu’il va le servir en tant que domestique très prochainement. Une seule condition à cet engagement est demandée : toucher des arrhes d’un montant de 10 francs. Jean a surement une bonne mine, car le futur escroqué ne voit pas l’entourloupe venir. Jean empoche donc ses pièces avec probablement l’intention de les dépenser à la taverne du coin. Plus tard, ne le voyant pas venir comme c’était convenu, Alphonse se rend compte qu’il a été abusé et prévient les gendarmes. Ces derniers vont rapidement mettre la main sur notre aigrefin qui va alors connaître les joies de l’incarcération.
Pour info, compte tenu de l’érosion monétaire due à l’inflation, le pouvoir d’achat de 10 Francs en 1900 est le même que celui de 4 566,61 Euros en 2024. De quoi descendre quelques chopines quand même! L’histoire ne dit pas si Alphonse a récupéré tout ses sous, mais ce qu’elle dit par contre, c’est que Jean n’a visiblement pas récidivé. En effet, par la suite il se fixe à Fay-de-Bretagne, où il se marie en 1908. On peut noter, que lors de son méfait, Jean est déclaré sans domicile fixe et qui sait, s’il n’a inspiré pas sa seconde épouse, Elise, en lui racontant sa vie de nomade de l’époque!
Sources & Crédits
Archives départementales de la Loire-Atlantique – Fiche matricule de Jean Marie Maillard Classe 1885 N° 2834
Gallica – Loi sur le recrutement dans l’armée du 27 juillet 1872
Archives départementales de la Loire-Atlantique – Recensement de 1891 à Pontchâteau
Archives départementales de la Loire-Atlantique – Le Phare de la Loire du 7 juillet 1900
Suffren Numismatique – 1 Franc Semeuse 1900
INSEE – Convertisseur franc-euro
Petit joueur Jeannot ! C’est presque reposant au milieu d’un tel challenge 🙂
Tout à fait, je voulais finir sur des articles plus légers et tu as raison, c’est reposant 🤗
Rho c’est malin ! Ceci dit, même si ce n’était pas une lourde peine, 6 jours de prison ça ne donnait pas envie de recommencer…
Son séjour lui a possiblement permis de réfléchir à ses actes 🤔