Brèves d’infos est un journal éphémère créé spécialement pour le ChallengeAZ 2024. Il paraît tous les jours du mois de novembre 2024 sauf le dimanche. L’édito journalier porte sur un drame, un instant de gloire, un choix de vie ou un acte héroïque. Les protagonistes de ces moments sont la plupart du temps des cousin(e)s plus ou moins éloigné(e)s ou leurs conjoints. 26 numéros de Brèves d’infos qui mettent en avant des faits dans la vie de ces individus et qui passent inaperçus à la lecture seule des actes d’état-civil les concernant.
Quand on dit l’expression «fait divers», on a tendance, enfin je pense, à y associer les mots drame, catastrophe, mort… j’en passe et des meilleurs. Il y a sans nul doute une certaine fascination de chacun pour ce type d’évènements qui mettent en lumière les dérives possibles de l’Homme dans la société. Mais les lire dans un quotidiens et s’y intéresser, est-ce du voyeurisme ou de la curiosité? Un bon sujet pour de futurs bacheliers! Seulement voilà, même si cela n’a pas tout à fait la même portée,, on ne trouve pas que du malheur ou du sordide dans les faits divers. Certains vont nous faire sourire tandis que d’autres nous font verser une larme d’émotion (un peu comme à la fin des films romantiques de Noël). La liste de ces faits peut être longue mais elle comprend aussi ceux où l’on va saluer l’attitude héroïque d’une personne lorsqu’elle sauve la vie d’une autre. Philibert Louis Bemelmans fait partie de ces gens-là. Il a même reçu une médaille d’honneur à cette occasion en décembre 1865.
Philibert Louis Bemelmans, dit Belmance, est né le 28 juin 1822 à la Queue-en-Brie du mariage de Philibert et de Louise Pichonnier. Il est aussi l’oncle de Denis Marie, le malheureux garde particulier rencontré dans l’article «Liquidation abusive». Détail amusant : l’oncle est plus vieux de 64 jours que son neveu. Cela s’explique par le fait que Philibert Louis est le 15ème et dernier enfant de Philibert senior, et qu’il est issu de du deuxième mariage de ce dernier, le premier ayant eu lieu 30 ans avant. Comédien ou artiste dramatique, c’est selon, et aussi photographe à ses heures perdues, Philibert Louis n’a pas une vie banale. Toutefois, je ne vais pas vous la dévoiler pour l’instant, mais promis, vous saurez tout à la dernière lettre du challenge. En revanche, je peux vous parler de la décoration qu’il a reçue en décembre 1865 à la suite d’une décision de l’Empereur Napoléon III.
Philibert Louis a donc reçu la médaille d’honneur pour un acte de courage et de dévouement. Cette décoration, appelée à l’origine médaille du Sauvetage, fait son apparition sous le règne de Louis XIV. C’est une décision royale en 1820 qui valide sa création officielle et qui par la même occasion autorise le ministre de la Marine à la décerner. Le 31 janvier 1833, un circulaire ministérielle étend ce pouvoir au ministre de l’Intérieur avec la volonté que cette médaille récompense le courage et le dévouement des personnes qui, au péril de leur vie, en ont sauvé d’autres. Effectivement, Philibert mérite les qualificatifs de courageux et dévoué car il n’a pas hésité à se jeter à l’eau pour sauver un militaire qui avait visiblement oublié qu’il ne savait pas bien nager! Pour en savoir plus sur ce sauvetage, il nous faut effectuer un petit flash-back au 10 juin 1865 à Poissy, et non 1864 comme indiqué dans l’article, pour visualiser les bords de la Seine à cette date. C’est parti!
Ce jour-là, Belmance, puisque c’est ainsi qu’il est tout le temps nommé, profite des vacances théâtrales. Il a installé sa vitrine, ou son atelier, de photographe au bord de l’eau et bulle tranquillement en compagnie des oiseaux environnants. A l’époque, pas de maîtres nageurs sauveteurs pour surveiller ceux qui barbotent dans le fleuve. Toutefois, cela n’empêche pas les gens qui sont sur les berges de la Seine de se rendre compte que d’autres ont des problèmes avec la poussée d’Archimède. Un grenadier en fait les frais et Belmance, averti par les cris d’alertes, se fait conduire prestement en canot sur les lieux de l’engloutissement du militaire tout en effectuant un effeuillage complet et rapide. Avec une dextérité digne du regretté Jacques Mayol, Philibert plonge et descend vers les fonds abyssaux de la Seine à la recherche du disparu. Il n’est pas mentionné dans l’article combien de temps a duré l’apnée de Belmance pour retrouver l’imprudent baigneur, mais il finit par lui mettre la main dessus et le remonter à la surface. Le pauvre bidasse n’est plus très frais et a dû avaler quelques bonnes tasses de la Seine, réputée pour sa qualité à l’époque. Le moribond est aussitôt pris en charge et ouf, il retrouve la respiration après 45 minutes de soins intensifs. Pendant ce temps, pratiquement tout Poissy s’était amassée sur les bords du fleuve pour profiter du spectacle et qui sait, prendre des paris sur la survie ou pas du militaire. A la résurrection du grenadier, la foule est en liesse et acclame le valeureux sauveteur, qui pour ne pas choquer les âmes sensibles, avait pris le temps de se revêtir! Ainsi, Belmance a réalisé le rêve de tout artiste : être ovationné par un public en délire!
Je vous l’accorde, j’ai fait une description légèrement imagée de ce qu’il s’est passé le 10 juin 1865 sur les bords de Seine à Poissy. Mais à ma décharge, j’ai voulu aussi rendre hommage au journaliste de «L’Industriel de Saint-Germain-en-Laye» du 17 juin 1865. En effet, celui-ci a, dans son article, narré le fait divers avec humour et légèreté, ce qui vous en conviendrez est plutôt agréable à lire pour une fois! La suite, vous la connaissez, à la période de Noël, Belmance s’est retrouvé, comme un sapin, décoré, mais lui avec une magnifique médaille d’honneur!
Sources & Crédits
Gallica – L’Industriel de Saint-Germain-en Laye du 30 décembre 1865
France Phaléristique – Médaille d’honneur pour actes de dévouement et faits de sauvetage
Gallica – L’Industriel de Saint-Germain-en Laye du 17 juin 1865
Archives départementales des Yvelines – POISSY – Bords de la Seine – Grand bras de la Seine et Ile de Migneaux
Wikipédia – Médaille d’honneur pour acte de courage et dévouement 2e Empire
Je me régale en lisant vos articles !!
Merci Emmanuelle 😊
Ça fait du bien de trouver des « héros » dans sa famille, non ? Et le ton de certains articles est vraiment savoureux !
Et ce n’est pas fini avec lui 😉
👏👏 Enjoué et rythmé 🤗 un billet qui nous change de l’ambiance glauque entourant la majorité des faits divers. Bon, dans cette histoire Philibert a quand même laissé une syllabe de son patronyme au fond de la Seine 😁
Merci Béatrice 😊 Belmance son nom de Seine 😉
Pour une fois, tout est bien qui finit bien ! Bravo au héros du jour !
De temps en temps cela fait du bien d’avoir une fin heureuse 😊
Un billet digne de cette éphémère gazette « Brèves d’infos » …. Que l’on vient à souhaiter pérenne
C’est gentil Véronique 😊 mais je ne serai pas sur de tenir le rythme 🤣
Le style du journaliste vaut le détour en effet ! Et quel teasing pour ton Z 😉
J’ai hésité à en parler et je n’ai pas pu résister 🤣
Oui on attend avec impatience le Z pour connaître la suite des aventures de Belmance, en espérant que la fin ne soit pas trop triste !
Rien de triste, bien au contraire mais aussi un bonus à la lettre U 😉